Si Marvel use parfois plus que de raison ses fers de lance, il subsiste au catalogue de la Maison des Idées quelques douceurs inattendues qui savent faire vibrer le cœur des lecteurs.
Digne et Héroïque
Beta Ray Bill est l’un de ces héros Marvel dont la rareté est synonyme de succès auprès du public.
Apparu en 1983 dans le 337ème numéro de Thor, sous la plume de l’incroyable Walter Simonson, ce héros au faciès équin atypique a conquis les fans de comics presque aussi vite qu’il a piqué le marteau du fils d’Odin !
Désigné pour être le champion des Korbinites, peuple extraterrestre pacifique et très avancé condamné à l’exode dans l’espace après la destruction de son empire, Bill est tiré de son hibernation lorsque son vaisseau Skuttlebutt approche de la Terre et détecte un célèbre Asgardien envoyé en éclaireur par le S.H.I.E.L.D. de Nick Fury.
Parvenant à s’emparer de Mjölnir lors de son affrontement avec Thor, le Korbinite est immédiatement téléporté à Asgard par Odin qui voit là une énième occasion d’humilier sa progéniture. Le Dieu du Tonnerre va devoir combattre une nouvelle fois Beta Ray Bill pour démontrer qu’il est digne de porter son marteau.
Mais Walt Simonson ayant le goût du rebondissement et souhaitant visiblement rebattre les cartes pour l’un de ses personnages fétiches, c’est Bill qui sort vainqueur et gagne donc le droit de devenir l’unique possesseur de Mjölnir.
Chevaleresque jusqu’au bout, l’alien décide de rendre son bien à Thor. Pour saluer sa bravoure et sa force, Odin lui offre alors un autre marteau qui lui permettra de protéger son peuple : Stormbreaker.
Désormais doté de pouvoirs similaires à ceux de Thor, Beta Ray Bill deviendra l’un de ses alliés récurrents.
Stormbroken
Après cette entrée fracassante dans l’univers Marvel, le héros Korbinite va revenir régulièrement prêter main-forte à Thor et aux Asgardiens, mais en restant bien trop en retrait à mon goût.
Invité à l’occasion de quelques crossovers et tie-in parfois dispensables, il aura fallu attendre 2021 pour que Beta Ray Bill ne regagne le devant de la scène dans sa propre mini-série de 5 épisodes, écrite et dessinée par Daniel Warren Johnson.
Prenant place en parallèle de l’event King In Black de Donny Cates, qu’il n’est pas indispensable de lire pour apprécier la série, Beta Ray Bill est une petite claque et un vrai pavé dans la mare au milieu de publications Marvel parfois trop lisses et trop sages.
Privé de son marteau Stormbreaker, détruit par Thor en personne, et donc dans l’incapacité de retrouver son apparence humanoïde, Bill va devoir partir en quête d’une nouvelle arme pour affronter celui qui est responsable de la disparition de son monde : le démon Surtur !
Cette quête, emplie de frustration et de déception, mais aussi d’une rage de vaincre incomparable est le point fort du récit.
Éternel second couteau face à Thor, devant porter le destin de son peuple sur ses épaules quitte à sacrifier son propre bonheur, et plutôt maladroit dans son rapport aux autres, Bill est plus proche du looser que du héros modèle.
Une chance pour lui, il peut compter sur le soutien de Skuttlebutt, ou encore de Pip le Troll, des alliés pas forcément impressionnants de prime abord, mais dont l’amitié dévouée pèse plus lourd dans la balance que n’importe quel super pouvoir.
Évidemment, je vais éviter les spoilers, mais le rythme des 5 épisodes est soutenu et on a vraiment pas le temps de s’ennuyer durant la lecture.
Les relations entre les protagonistes sont creusées et jouent un vrai rôle dans l’avancée de l’histoire, chaque personnage amenant avec lui son lot d’enjeux et d’intrigues.
Epicness en barre
Déjà connu chez nous pour la série de hardos Murder Falcon, en français chez Delcourt, ou pour le très apprécié Wonder Woman : Dead Earth, Daniel Warren Johnson fait partie de ces artistes dont le style est facilement reconnaissable. Trait hyper dynamique, personnages “larger than life” et bastons énergiques sont au programme de sa mini-série, mais ce n’est pas tout.
En plus d’un parti pris graphique très indé qui reste encore rare chez un éditeur qui cherche avant tout à séduire le grand public avec des œuvres standardisées, Johnson se paie le luxe de savoir raconter des histoires.
Si Beta Ray Bill peut paraître simple scénaristiquement parlant, la série offre bien plus qu’un énième comic book à la sauce Marvel.
Le cliché du héros remontant la pente pour faire face à l’adversaire à l’origine de tous ses malheurs est un gimmick classique du genre super-héroïque, mais l’angle adopté par l’auteur apporte un vrai plus, bien plus fin et introspectif qu’à l’accoutumée.
Daniel Warren Johnson propose ici une vraie bande dessinée d’aventure cosmique, dans laquelle un héros imparfait et attachant va devoir passer outre ses névroses pour s’accomplir.
Dans un univers Marvel saturé de crossovers à rallonge et d’events peu inspirés, Beta Ray Bill rejoint la courte liste des séries qui, bien que se déroulant en arrière plan, démontrent à quel point il est encore possible de lier efficacité et émotion lorsque les héros de la Maison des Idées sont bien utilisés par des auteurs à qui on laisse plus de liberté.
Cerise sur le vaisseau, l’unique volume compilant l’intégralité de la mini-série, disponible en français chez Panini Comics dans un grand format du plus bel effet, est accessible même si vous n’êtes pas un inconditionnel de Marvel sur le papier.
Si vous aimez les comics qui ont des choses à dire, et qui le font bien, sans oublier une bonne dose d’action pour divertir le lecteur, alors foncez lire Beta Ray Bill de Daniel Warren Johnson.
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J’ai déjà lu le comics auparavant mais je suis quand même venu lire ton article... parce que t’es cool.👌Beta Ray Bill est un personnage que j’apprécie énormément avec les New Mutants, Hulk et Doom Patrol. Le côté introspectif et sociale de ce genre d’histoire m’a toujours attiré.