Metroid fait partie, au même titre que The Legend of Zelda ou Castlevania, de mes sagas vidéoludiques préférées. La sortie de Metroid Prime Remastered sur Nintendo Switch est l’occasion pour moi de vous parler de jeu vidéo, mais aussi de ma jeunesse rurale pas très animée.
IMAGINEZ LA TAILLE DU VIRUS !
Le mois de mars 2003 marque la sortie en France d’un jeu très attendu sur Nintendo GameCube : Metroid Prime.
Arrivé à la fin de l’année 2002 aux États-Unis et quelques semaines plus tôt au Japon, le titre développé par Retro Studios transpose pour la première fois l’univers de la licence en trois dimensions. Depuis le premier épisode sorti en 1986, chaque nouvelle aventure de la chasseuse de primes Samus Aran est un rendez-vous immanquable pour plusieurs millions de joueurs à travers le monde et cet opus n’échappe pas à la règle.
Inutile de ménager le suspense vingt ans plus tard : Metroid Prime est unanimement salué par la critique à sa sortie, et même considéré comme l’un des meilleurs jeux du GameCube. Le soft de Retro Studios réussit le pari très risqué de totalement réinventer le gameplay typique de la série, en transformant un jeu en 2D à scrolling horizontal en jeu de tir en vue subjective, tout en conservant les points forts de Metroid, de la progression non-linéaire aux upgrades de l’armure, en passant par l’ambiance inspirée de la saga Alien.
En plus de cela, Metroid Prime propose une approche pratiquement inédite dans un First Person Shooter sur console à l’époque, en ajoutant des phases de plates-formes, un système de visée automatique, et surtout une interface qui participe grandement à l’immersion du joueur en lui donnant l’impression de porter le casque de Samus Aran.
Parmi les autres points forts du titre, on cite souvent son impeccable bande son, qui alterne thèmes épiques, passages stressants et ambiances inquiétantes, absolument inoubliable pour tous les gamers qui ont exploré Tallon IV.
Si aujourd’hui tout cela semble assez standard dans un jeu vidéo, à l’époque, ce fut une véritable claque pour quiconque a pu comparer Metroid Prime aux FPS sortis à la même période.
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Tout ça pour dire que Metroid Prime va à la fois s’imposer comme un épisode phare de la série de Nintendo et une nouvelle façon d’appréhender les jeux de tirs à la première personne sur console de salon. Ce statut quasi-instantané d’œuvre culte et de pierre angulaire d’un nouveau genre lui vaudra deux suites directes, sorties respectivement en 2004 et 2007, ainsi qu’un épisode intermédiaire sur Nintendo DS, intitulé Metroid Prime Hunters, qui prend place entre Metroid Prime et Metroid Prime 2 : Echoes.
La trilogie Metroid Prime aura droit à une ressortie sur Wii en 2009, tandis que plusieurs autres jeux Metroid, fidèles au gameplay 2D d’origine, verront le jour en parallèle : de l’excellent Metroid Fusion sur Game Boy Advance au très punitif Metroid Dread sur Switch, en passant le remake de Samus Returns sur Nintendo 3DS en 2017.
Le fait que Nintendo décide aujourd’hui de ressortir non pas une version mise à jour de Metroid Prime Trilogy, mais uniquement le premier épisode de Metroid Prime en version Remastered laisse présager l’arrivée plus ou moins prochaine de rééditions actualisées de Metroid Prime 2 : Echoes et Metroid Prime 3 : Corruption, sûrement pour mieux faire patienter les joueurs qui attendent Metroid Prime 4 depuis son annonce à l’E3 de 2017…
En attendant d’en savoir plus, on peut dire qu’avec Metroid Prime Remastered, Retro Studios démontre tout son talent en exploitant les capacités de la Switch pour améliorer l’expérience du joueur. C’est beau, la maniabilité et les contrôles ont été revus et modernisés, et la recette et l’esprit d’origine du soft ont été respectés, pour un excellent compromis entre hommage et évolution.
Si vous êtes nouveau dans l’univers de Metroid, ce classique intemporel rejoint les pièces maîtresses de la ludothèque de Nintendo que vous devez absolument découvrir, et ce même vingt ans après sa sortie. Et si, comme moi, vous êtes nostalgique du temps passé à jouer sur votre GameCube, je ne peux que vous encourager à replonger et à vibrer de nouveau en enfilant le casque de Samus comme si nous étions en 2003 !
D’ailleurs, 2003 correspond à un autre événement beaucoup moins connu du grand public : mon stage de 3ème.
BONUS STAGE !
Tous les jeunes y passent, c’est un peu comme la JAPD (sans les frites), le fameux stage de 3ème, censé permettre à des collégiens de découvrir le monde du travail.
Évidemment, en cinq jours, pas de quoi se forger une vision ferme et définitive, mais puisque le système scolaire s’est toujours montré particulièrement mauvais quand il s’agit d’aider les jeunes à s’orienter dans le choix de leur future vie professionnelle, et bien autant les envoyer se faire une idée par eux-mêmes !
En 2003, c’était donc à mon tour de me lancer dans l’inconnu, et de quitter la routine de mon petit collège de campagne pour ce fameux stage de cinq jours.
À l’époque, j’étais déjà un gros consommateur de comics depuis cinq ou six ans, lisant pratiquement tout ce qui sortait en kiosque chez Panini et Semic. Mais, ne passant pas la majeure partie de mon temps libre à écrire sur la bande dessinée américaine comme aujourd’hui, je cultivais aussi d’autres passions, dont la musique, toujours essentielle dans mon processus créatif, et surtout les jeux vidéo. Depuis mes premières heures à m’acharner sur Alex Kidd sur Master System II, je n’avais plus jamais lâché la manette, sauf pour mieux poncer le catalogue de la Game Boy et de ses petites sœurs, indéniablement mes consoles de prédilection.
Pour bien recontextualiser : au début des années 2000, internet est loin d’être entré dans tous les foyers, surtout dans ceux de ma pampa normande, et mes principales sources de divertissement et d’information restaient la télévision et la presse écrite.
Côté télé, évidemment, il y a Game One. J’ai eu la chance de compter parmi ses téléspectateurs dès les premières années de la chaîne, ce qui a incontestablement influencé tout ce que j’ai pu faire depuis. Le ton, la forme, la débrouille, tout ça trouvait un écho tout particulier pour le jeune ado féru de jeu vidéo et de Pop Culture que j’étais déjà.
Pour ce qui est des magazines papier, j’étais un fervent lecteur de Consoles +, de Jeux Vidéo Magazine, et du magazine officiel Nintendo, suivant de près rumeurs, annonces et nouvelles sorties. Autant vous dire qu’en grand fan de l’éditeur Japonais et heureux possesseur du GameCube, Metroid Prime faisait partie des titres que j’attendais impatiemment !
Pour en revenir à cette histoire de stage, et bien, comme tous les gamins de quatorze ans, je n’avais qu’une très vague idée de “ce que je voulais faire plus tard”, comme le veut la formule consacrée. Si j’entretenais l’idée de travailler dans le domaine de la bande dessinée ou du jeu vidéo, j’en avais une vision aussi floue que parcellaire, n’ayant pas vraiment connaissance de la multitude de métiers qui font vivre ces industries.
En ce temps-là, mes mercredis après-midi étaient rythmés par une invariable visite au magasin de jeux vidéo du coin : Final Score. J’y achetais les nouveautés du moment qui m’avaient fait saliver dans les pages des magazines ou sur Game One, bien entendu, mais aussi quelques pépites rétro ou exotiques d’occasion, difficilement trouvables avant la généralisation de la vente en ligne.
En tant que petit gars vivant dans un village perdu au milieu des champs, Final Score était finalement le seul lien qui existait entre moi et le monde professionnel du jeu vidéo, et c’est donc tout naturellement que j’y ai fait ma demande de stage.
Cinq jours, ça passe très vite, et à l’exception de quelques clients un brin chelous, je ne saurais vous énumérer des souvenirs très précis de ces journées passées à découvrir le métier de vendeur de jeux vidéo. Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est l’ambiance jeune et bon enfant, et la passion tangible partagée tant par les vendeurs que par les clients du magasin. Il faut bien comprendre qu’en 2003, l’offre dématérialisée est inexistante sur console et que la sortie d’un titre très attendu donne lieu à une véritable effervescence dans les boutiques. De façon absolument fortuite, ma période de stage tombait pile-poil la semaine de la sortie de Metroid Prime, et j’ai donc pu assister à l’arrivage aussi religieux que confidentiel des cartons remplis de boîtiers de jeux GameCube, ainsi qu’à l’installation des posters et autres objets promotionnels mis en place pour le jour J.
Attendant moi-même ardemment de découvrir ce jeu, quelle ne fut pas ma surprise quand le gérant de la boutique proposa de m’offrir Metroid Prime comme cadeau de fin de stage, pour me féliciter de ces cinq jours passés en compagnie de son équipe.
Je rentrais donc chez moi le dernier soir de la semaine avec ce précieux présent, et un jour avant la sortie officielle, s’il vous plaît !
En vingt ans, beaucoup de choses ont changé. Malgré quelques initiatives admirables portées par des rescapés passionnés, la presse jeu vidéo n’est plus ce qu’elle était, internet a fait évoluer à la fois notre façon de s’informer et de consommer, et les boutiques indépendantes ont pratiquement disparu.
Aujourd’hui, mon travail dans la vie de tous les jours n’a absolument rien à voir avec les comics ou le jeu vidéo. Et si tout ce que j’ai pu produire autour de mes passions au fil des années sur différentes plateformes m’a ouvert quelques portes et permis de participer à divers événements autour de la Pop Culture, j’ai eu tendance, faute de temps, à mettre les loisirs vidéoludiques de côté.
Final Score a fermé ses portes en 2013, mais ce petit magasin, porté à bout de bras par Anthony, Jonathan, et toute l’équipe de vendeurs qui l’a fait vivre, a joué un rôle déterminant dans ma façon de voir et de comprendre le jeu vidéo, et cette ressortie de Metroid Prime était l’occasion ou jamais de lui rendre hommage.
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Trop cool.
J'ai fais mon stage dans une librairie de bd indépendante (en temps que passionné depuis mes plus jeunes années). J'ai passé mon temps a étiqueter des livres et faire tout ce qu'ils avaient pas envie de faire. Bien entendu, je n'ai rien eu en retour de leur part. Autant vous dire que j'y ai jamais refoutu les pieds....
Je suis donc ravis de voir que ça n'a pas été le cas pour toi, la confirmation d'une passion.