Et si on parlait de la première apparition du plus célèbre des super-héros de Marvel Comics : Spider-Man ! Soixante ans après, que penser des origines de Peter Parker ?
C’est en relisant fortuitement l’origin story de l’Homme-Araignée par Stan Lee et Steve Ditko, dans les pages de Amazing Fantasy #15, ainsi que ses débuts dans le premier numéro de la série The Amazing Spider-Man, que je me suis rendu compte de la quantité considérable de choses qu’il y avait à dire sur les premiers pas de Spider-Man.



Dans le dernier numéro de Amazing Fantasy, paru durant l’été 1962, le lecteur fait la connaissance de Peter Parker, jeune homme timoré élevé par son oncle Ben et sa tante May, et considéré comme un rat de bibliothèque par ses camarades de classe.
Vous connaissez la suite : mordu par une araignée rendue radioactive par l’expérimentation d’un tout nouveau rayon, Peter se voit doté d’une force et d’une agilité surhumaine, ainsi que d’un fameux “spider-sens” le prévenant en cas de danger imminent. Alors qu’il espère la fortune et la gloire en se produisant comme lutteur ou dans divers spectacles, son oncle Ben est tué par un cambrioleur. Comptant sur ses nouvelles capacités pour appréhender le criminel, Peter découvre qu’il aurait pu arrêter l’assassin de son oncle adoré bien plus tôt, s’il n’avait pas été si arrogant, quand un policier lui a demandé de l’aide.
Il apprend alors à ses dépens que de grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités et décide de faire régner la justice sous le masque de Spider-Man.
Si les représentations successives du jeune Parker ont eu tendance à le montrer comme la victime d’un véritable harcèlement de la part des autres adolescents, il est intéressant de remarquer que le personnage n’est pas tout à fait défini dans ses toutes premières aventures. Assez éloigné de l’image du maigrelet sans défense chahuté par les brutes du lycée, Peter est surtout ostracisé pour ses centres d’intérêt qui dénotent avec ceux des jeunes de son âge. On ne l’invite pas, on le met de côté, et il est considéré comme facilement impressionnable, au point où les scientifiques présents pendant l’expérience durant laquelle il se fait mordre se moquent de lui, pensant qu’il a été choqué par ce qu’il vient de voir. Et si on comprend que cette situation est moralement difficile à supporter pour lui, il se révèle étonnamment revanchard dans son mode de pensée, comme s’il anticipait le fait qu’il finirait par devenir Spider-Man. Peter n’est donc pas si lisse que l’on peut le croire. Il évoque même un court instant la possibilité de devenir lui-même un criminel afin d’aider May à payer ses dettes, mais se ressaisit immédiatement et se refuse à céder à de telles pratiques, notamment pour ne pas briser le cœur de sa tante bien-aimée.
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Le plus drôle dans la production de Lee et Ditko, c’est que littéralement tout le monde semble chercher à vexer Parker. Soit en lui rappelant sa condition de binoclard insignifiant aux yeux des autres, soit en critiquant vivement son alter-ego Spider-Man. Ainsi, quel que soit le tableau, Peter est constamment rabaissé, comme si la vie avait décidé qu’il serait définitivement un loser.
Sur ce point, la conclusion de la première histoire de The Amazing Spider-Man #1 est particulièrement équivoque : bien qu’il parvienne à sauver le fils de J. Jonah Jameson, ce dernier retourne totalement la situation et utilise l’exploit de l’Araignée pour démontrer sa dangerosité, le qualifiant de “menace pour l’Amérique”, si bien que tante May elle-même souhaite l’arrestation de cet horrible homme masqué !
Un peu plus tôt, quand il a tenté d’encaisser un chèque émis à l’ordre de Spider-Man pour ses performances sur scène, notre bon justicier s’est vu confronté à un dilemme face au guichetier : s’il ne révèle pas sa véritable identité, il ne pourra jamais percevoir son dû pour le spectacle qu’il a donné !
Et toujours dans le premier numéro de The Amazing Spider-Man, la rencontre entre l’Homme-Araignée et les Fantastic Four est loin de se passer comme notre héros l’espérait. Premièrement, parce que Peter, toujours en quête d’une rétribution quelconque pour ses actions, comprend que les Quatre Fantastiques, une organisation à but non-lucratif, ne lui verseront pas de salaire en échange de son aide. Et deuxièmement parce que le Caméléon, premier super-vilain qu’il affronte, usurpe son identité, renforçant la mauvaise image de l’Araignée auprès du grand public et des médias… Spidey se retrouve alors à devoir affronter à la fois le malfrat maître du déguisement et les forces de l’ordre qui sont après lui !
En bref : tout le monde déteste Peter Parker, et c’est sûrement la meilleure idée du duo formé par Stan Lee et Steve Ditko !
Dans cette adversité permanente, tant dans son quotidien de jeune adulte que dans sa vie de héros, Parker n’arrive jamais vraiment à briller. Chacune de ses réussites, chacun de ses exploits, sont immédiatement contrastés par une mauvaise nouvelle ou un retour de bâton improbable. Tout ça participe évidemment à l’attachement des lecteurs et lectrices pour ce jeune garçon mal dans sa peau et mis de côté par les autres ados, chouchouté par un oncle et une tante vieillissants, bientôt contraint d’endosser de nouvelles responsabilités.
Cela permet aussi de le différencier dès le départ des archétypes classiques : s’il est difficile, voire impossible, pour un gamin de s’identifier au play-boy milliardaire Tony Stark ou au génie scientifique Reed Richards, n’importe qui pourrait avoir les mêmes galères que Peter. Entre la santé fragile de May, sa seule famille, ses soucis d’argent permanents, et la découverte de ses facultés hors du commun ; ni plus ni moins qu’une allégorie de la façon dont le corps change durant la puberté ; bon nombre de jeunes du monde entier se sont retrouvés dans le profil de Peter Parker, ce qui a incontestablement participé au succès immédiat du personnage de Marvel Comics.



Si le Spider-Man que nous connaissons aujourd’hui n’est plus exactement celui des débuts, les différentes équipes créatives qui ont œuvré sur les titres consacrés au Tisseur ont souvent eu du mal à s’éloigner du socle posé par Lee et Ditko dans Amazing Fantasy #15 et dans les premiers numéros de The Amazing Spider-Man, où l’on découvrait une galerie de super-vilains qui s’est rapidement imposée comme la meilleure de la Maison des Idées.
Docteur Octopus, le Lézard, le Bouffon Vert, tous ces adversaires de Spidey ont la particularité d’être plus que de simples criminels : ils sont tous liés de près ou de loin à Peter et l’attaqueront presque plus souvent dans le cadre de sa vie privée que dans son costume de Spider-Man.
Enfin, la première apparition de Spider-Man dans Amazing Fantasy #15 servira également de base à l’adaptation de Sam Raimi, sortie au cinéma en 2002, particulièrement fidèle en ce qui concerne les origines du héros. Un exemplaire exceptionnellement bien conservé de cette bande dessinée, noté 9.6, a été vendu pour 3,6 millions de dollars lors d’une vente aux enchères en 2021.
Autant de raisons qui expriment à quel point l’Homme-Araignée s’est ancré comme une figure incontournable du genre super-héroïque, protagoniste malchanceux traversant les épreuves avec une détermination sans faille, qui tire sans aucun doute autant sa renommée de ses mésaventures dans la peau de Peter Parker que de ses prouesses sous le masque de Spider-Man…
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