COMICS POSTCARD - UNE DINDE QUI SE MANGE FROIDE...
The Last Ronin + Hoka Hey ! + Sanctuary + Saga + COPRA
Les fêtes de fin d’année approchant, il est l’heure de faire des cadeaux à celles et ceux qui ont été sages. Et puisque je sais que vous êtes nombreuses et nombreux à souhaiter le bonheur à vos proches et la paix sur Terre entre deux tranches d’un excellent foie gras extirpé des entrailles d’un pauvre animal torturé pour votre seul plaisir gustatif, j’ai décidé de placer cette nouvelle COMICS POSTCARD sous le signe de la vengeance !
Parce qu’à l’aube d’une nouvelle année, rien ne vaut une bonne saloperie assénée à son pire ennemi pour être en paix avec soi-même !
Mais l’esprit de Noël, c’est aussi savoir pardonner, partager, s’aimer comme des bêtes sauvages dans la neige… Les choses de la vie, quoi.
Voici donc quelques bandes dessinées de fort bonne qualité que vous pourrez placer au pied du sapin pour illuminer la grise mine de vos amis et des membres de votre famille, mais aussi, pourquoi pas, des gens avec lesquels vous voulez vous réconcilier.
Évidemment, la première chose à faire pour reconstruire ce lien brisé, c’est de partager cet article autour de vous pour soutenir mon travail !
Attention, si vous ne le faites pas, Jordy Lemoine viendra chanter en boucle son tube “It’s Christmas, C’est Noël” chez vous, le soir du réveillon !
Je ne sais pas pour vous, mais quand je pense à une histoire de vengeance, j’imagine quatre-vingt-dix pour cent du temps qu’il y a forcément un ninja dans le coup. J’ai sûrement regardé beaucoup trop de nanars dans ma vie, mais c’est un fait : l’idée d’un individu masqué s’introduisant à pas feutrés dans le repère de son ennemi mortel pour lui faire le coup du Père François en douce, ça marche encore mieux avec des katanas et des shurikens !
Et cette association d’idées tombe plutôt bien, car The Last Ronin est enfin disponible en français chez HiComics !
Dans une dystopie cyberpunk, le dernier chevalier d'écaille entreprend son ultime voyage pour venger ses frères ! Qui est donc cette dernière tortue survivante ? Comment ses proches ont disparu tour à tour ? Et surtout, sur qui pourra-t-elle vraiment compter après s’être volatilisée durant des années ?
Alors que New-York est maintenant livré à la domination du terrible Clan Foot, dirigé par le petit-fils de Shredder en personne, un seul guerrier ninja pourra-t-il faire la différence et renverser le tyrannique pouvoir en place ?
Pensé il y a déjà de nombreuses années comme une fin possible aux Teenage Mutant Ninja Turtles, hommage au Dark Knight de Frank Miller, dans une forme de continuité logique du travail original de Kevin Eastman et de Peter Laird, mais avec la patte beaucoup plus moderne du scénariste Tom Waltz en renfort, The Last Ronin brille par son rythme sans faille et des planches au découpage absolument parfait qui débordent de détails.
À la lecture de l’ouvrage, on regretterait presque qu’il soit publié chez nous dans un format “comics”, certes très propre, mais tout ce qu’il y a de plus standard, tant le travail des frères Esau et Isaac Escorza et du coloriste Luis Antonio Delgado est brillant !


Longtemps attendu chez nous après une parution un brin chaotique aux États-Unis, The Last Ronin tient ses promesses et s’impose aussi rapidement que naturellement comme un récit déjà culte pour les fans des Tortues Ninja, tout en restant hyper accessibles si vous ne connaissez que vaguement la licence, à travers les films ou les séries animées, par exemple. Le seul bémol pour moi serait le prix du volume, un poil élevé par rapport aux tarifs habituels, une décision émanant des ayants-droit américains, comme expliqué par Sullivan Rouaud sur la chaîne Youtube de HiComics.
À l’heure où j’écris ces lignes, l’ouvrage est en rupture chez l’éditeur, ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas encore disponible chez votre libraire préféré. Il n’est donc peut-être pas trop tard pour foncer le chercher ! Dans tous les cas, pas de panique, une réimpression est prévue pour mars 2023 : il y en aura pour tout le monde. Une bonne nouvelle, car The Last Ronin doit trouver une place dans votre bibliothèque, un point c'est tout !
L’autre figure classique des histoires de vengeance, c’est incontestablement celle de l’indien, ce qui explique sans doute mon gros coup de cœur pour Hoka Hey ! de Neyef, nouvelle pépite du Label 619, chez Rue de Sèvres. Un récit qui traite de vengeance et d'héritage culturel.
Georges, un jeune amérindien, est élevé par un pasteur, loin de ses origines et de la culture de la tribu Lakota. Quand sa route croise celle de Little Knife et de ses compagnons, le garçon prend peu à peu conscience de la façon dont l'héritage et l'histoire de son peuple lui ont été retirés. Le voyage qu'il entreprend alors est autant physique que psychologique, une quête pour retrouver ses racines et le véritable sens de la liberté.
Impitoyable envers ses protagonistes, aussi critique que documenté quant à la politique d’acculturation menée par les États-Unis envers les Natifs Américains, Hoka Hey ! est une œuvre qui parvient à montrer le plus sombre visage de l’être humain dans des paysages dont la beauté et l’immensité n’invitent qu’au rêve et à la sérénité. Un tour de force qui participe grandement à la tension du récit et à l’implication du lecteur. Graphiquement, Neyef fait un travail de découpage et de colorisation absolument magnifique, certaines planches sont à couper le souffle et une véritable émotion s'en dégage.


Je tiens à souligner le soin apporté à la fabrication des ouvrages depuis l'arrivée du Label 619 chez Rue de Sèvres : les bouquins sont vraiment pensés en fonction de leur contenu et de l'univers qui y est présenté. Comme j'avais déjà pu le constater avec A Short Story, la qualité est au rendez-vous, et tout ça pour un tarif plus que convenable !
Ne cherchez plus, Hoka Hey !, c'est définitivement LA bande dessinée à offrir pour les fêtes de fin d'année ! D’ailleurs, le titre fait partie de la Sélection Officielle du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême pour son édition 2023 et je lui souhaite d’obtenir la reconnaissance qu’il mérite !
Comment parler de vengeance et d’honneur sans évoquer les terribles Yakuzas ?
Une fois n’est pas coutume, et puisque je fais ce que je veux dans cette newsletter, nous allons quitter le rayon comics pour nous diriger du côté des mangas, avec un classique indétrônable : Sanctuary.
L’ascension sociale semée d’embûches de Hojo et Asami, deux jeunes loups aux dents longues, dans le Japon des années 1990 rongé par les malversations en tout genre. On se prend vraiment d’affection pour ces personnages imparfaits, unis par un lien indéfectible, et on vibre à chaque instant quand leurs plans de conquête vacillent.
J'avais découvert quelques épisodes de Sanctuary dans Kaméha, il y a bien longtemps, et sa ressortie chez Glénat Manga est l'occasion de (re)plonger dans son univers impitoyable qui mêle crime organisé et magouilles politiques ! Sans doute l'un des meilleurs polars de la bande dessinée japonaise.


Une saga aux enjeux intenses et graphiquement éblouissante, portée par un duo d'auteurs absolument incontournables. Cette nouvelle édition est prévue en 6 tomes et on regretterait presque que le format ne soit pas encore plus grand tant les planches de Ryōichi Ikegami, qui fourmillent de détails, sont hypnotiques. Une exposition consacrée à son travail est d’ailleurs prévue pour la prochaine édition du Festival d’Angoulême. Aucun doute, vous me trouverez à errer dans ses allées tel Belphégor.
Pour terminer, et ajouter à votre hotte quelques cadeaux de dernière minute pour les fans de comics qui vous entourent, je ne pouvais pas passer à côté de deux des meilleures séries à lire actuellement :


Saga est enfin de retour chez Urban Comics, et ça valait la peine d'attendre ! Après dix tomes, la magie opère toujours…
Brian K. Vaughan et Fiona Staples démontrent une nouvelle fois qu'ils sont aux commandes du meilleur comic book de ces dix dernières années !
Intelligent, rempli de personnages drôles, attachants, et parfois inquiétants, Saga est une fresque de science-fantasy impeccable qui ne rate jamais sa cible. Incontournable, tout simplement.
Chez Delirium, le travail de Michel Fiffe sur COPRA est toujours aussi fascinant, et bien trop rarement cité à mon goût.
Ce troisième tome développe l'histoire de chacun des héros de la série et permet de mieux comprendre qui ils sont. Passé trouble, vie faite de dangers et de défis, entourage ignorant tout de leurs activités... Chaque membre de COPRA a ses propres démons et cet album éclaire sur leurs comportements dans les volumes précédents.
Hyper dynamique graphiquement, captivant par ses enjeux et son univers impitoyable, COPRA est définitivement une nouvelle référence du comic book et sans aucun doute un classique en devenir.
Ces titres, dans lesquels l’ascension des personnages principaux passe par la vengeance, et parfois par la rédemption, sont peut-être bien plus représentatifs de l’esprit de Noël que l’on ne pourrait le croire.
Aussi, en ces temps troublés et difficiles pour beaucoup, ils rappellent également à qui voudra bien l’entendre qu’il est parfois nécessaire de savoir faire bouger les lignes pour un monde plus juste, dans lequel la rancœur et les remords ne seraient plus les seuls moteurs de l’accomplissement.
Évidemment, jusqu’à la prochaine fois, je compte sur vous pour avoir de saines lectures !
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Quelle bonne lecture que ce "Hoka hey!", je soutiens ta recommandation.
N'étant pas du tout manga, je vais céder à mon goût du polar et à tes conseils pour tester "Sanctuary".
Merci pour ton travail.
J’ai jamais dépassé le premier tome pour les Tortues. Il faudrait que je me remotive un jour pour donner une seconde chance à cette série 🙂 (j’aimais pourtant bien le dessin animé, je comprends pas pourquoi j’ai pas directement adhéré ...)