Des tortues mutantes et adolescentes adeptes de l'art du ninjutsu ? Un drôle de concept qui cartonne depuis quarante ans ! L'occasion pour moi de revenir sur cette licence aussi culte que protéiforme !
WE STRIKE HARD, AND FADE AWAY… INTO THE NIGHT.
Comics, jouets, dessins animés, jeux vidéo : quel que soit le support, il est pratiquement impossible que vous soyez passés à côté des Teenage Mutant Ninja Turtles, à moins d'avoir vécu dans les égouts ces quarante dernières années !
Comme beaucoup de succès story improbables, l’histoire des Tortues Ninja commence avec deux geeks fauchés : Kevin Eastman et Peter Laird.
Ces deux jeunes artistes ont pour habitude d'échanger leurs idées dans l'appartement de Laird, transformé pour l'occasion en ce qu'ils appellent "Mirage Studios", un atelier nommé ainsi du fait de son existence toute relative. Un soir de 1983, Kevin Eastman dessine une tortue se tenant sur ses pattes arrière et maniant des nunchakus. Cette idée saugrenue amuse beaucoup les deux comparses qui décident de retravailler le concept, donnant naissance à quatre tortues, utilisant chacune une arme différente.
En 1984, Eastman et Laird rassemblent leurs économies, empruntent de l'argent à l'oncle de Kevin et publient eux-mêmes le premier numéro de Teenage Mutant Ninja Turtles, tiré à 3000, 3250, ou 3275 exemplaires selon les sources. Le succès est au rendez-vous, puisqu'ils doivent bientôt réimprimer 6000, puis 35 000 copies de ce premier numéro.
N'ayant absolument pas anticipé un tel accueil, et encore moins l’engouement des lecteurs qui en redemandent, les deux auteurs vont bientôt devoir imaginer une suite à ce qui devait être un one-shot.
En quarante pages, le premier numéro pose les bases de tout un univers.
Transformées par un étrange liquide mutagène, quatre petites tortues vont être entraînées à l'art ancestral du Ninjutsu par Splinter, un rat humanoïde, qui leur donne à chacune le nom d’un artiste de la Renaissance : Leonardo, Raphael, Donatello et Michelangelo. Ensemble, ils affrontent Shredder, terrible combattant à la tête du Clan des Foot, dont l’histoire est intimement liée à celle de Splinter.
Réunis par leur amour de l'œuvre de Jack Kirby, et inspirés par les travaux de Frank Miller sur Ronin ou Daredevil, de Dave Sim et de son héros Cerebus, et par les New Mutants de Chris Claremont chez Marvel, Eastman et Laird n’hésitent pas à mélanger les influences, entre hommage et parodie, pour donner naissance à leurs Chevaliers d’Écaille.
Ainsi, on trouve plusieurs points communs entre nos tortues préférées et Matt Murdock : elles sont transformées par un étrange produit chimique et affrontent par exemple le Clan des Foot, là où Daredevil tient tête à la secte de La Main.
Quant à l’influence de Kirby, si elle est plus qu’évidente sur le plan graphique, elle est aussi distillée tout au long du développement du lore de la licence, qu’il s’agisse d’interventions extra-terrestres ou transdimensionnelles.
Seuls aux commandes des premiers numéros de la série, Kevin et Peter vont alors alimenter une véritable mythologie autour des tortues, introduisant des personnages devenus incontournables comme April O'Neil et Casey Jones, des antagonistes mutants comme Leatherhead, ou encore les races extraterrestres des Utrom et des Triceratons. Ces derniers étant d’ailleurs, tout comme le personnage de Fugitoid, des créations de Mirage Studios antérieures aux Tortues Ninja.
Le succès affiché par le comic book de Eastman et Laird et le foisonnant univers qui anime ses pages, mais aussi celles de son spin-off Tales of the Teenage Mutant Ninja Turtles et des Micro-Series, vont bientôt attirer l’attention de pas mal de monde et surcharger l’emploi du temps des deux amis qui recrutent alors Jim Lawson, Mark Martin, Michael Dooney ou encore Eric Talbot pour leur filer un coup de main. Des artistes qui vont, à leur tour, nourrir le déjà très riche background des TMNT de leurs créations.
COWABUNGA !
Parmi les projets qui occupent le duo, il y a bien évidemment les produits dérivés.
Après la sortie d’un jeu de rôle et de figurines en plombs vendues par Dark Horse Miniatures, c’est en 1987, alors qu’à peine une dizaine de numéros a été publiée, que la société Playmate Toys contacte Kevin Eastman et Peter Laird pour commercialiser une ligne de jouets dérivée des Tortues Ninja. Conscients du risque, ils misent sur la production d'un dessin animé pour booster la vente de figurines.
À jamais ancrée dans la Pop Culture, la série s’adresse en priorité aux enfants et modifie de nombreux éléments de l’univers des tortues.
Premièrement, si dans le comic book original, les tortues ont toutes un bandeau rouge, il est décidé de leur attribuer une couleur différente à chacune afin que les enfants puissent les identifier plus facilement.
Les origines de Splinter sont revisitées : ici, il ne s'agit plus du rat compagnie de Hamato Yoshi, mais de Yoshi lui-même, transformé en rat par le mutagène. Le dessin animé introduit également de nouveaux personnages, comme Bebop et Rocksteady, ainsi que Krang, représentant de la race des Utrom, qui elle, existe bien dans les comics.
Enfin, le point le plus important concerne de toute évidence les pizzas : c’est bel et bien le cartoon qui établit cette habitude alimentaire de Don, Raph, Leo et Mikey, qui est aujourd’hui indissociable de nos héros.
Comme tout phénomène de société, les Tortues Ninja connaissent leur lot de paniques morales. Au Royaume-Uni, le titre Teenage Mutant Ninja Turtles est remplacé par Teenage Mutant Hero Turtles, le mot "ninja" étant jugé trop violent pour le jeune public. Les scènes où Michelangelo utilise son nunchaku sont également coupées, cette arme étant interdite en Angleterre.
Ces quelques excentricités britanniques n’empêchent pas les Chevaliers d’Écaille de cartonner partout sur la planète : les figurines sont déclinées à l’infini et un jeu vidéo, aujourd’hui célèbre pour sa difficulté, sort sur Nintendo NES en 1989.
La même année, l’éditeur Archie Comics, célèbre pour son personnage éponyme, lance Teenage Mutant Ninja Turtles Adventures, un comic book adaptant dans un premier temps la série animée, avant de développer son propre univers, dont certains éléments seront repris par la suite par l’univers classique des tortues. On y découvre, par exemple, la première apparition sur le papier de Man-Ray, Mondo Gecko, et des Mutanimals.
En à peine cinq ans, les Tortues Ninja sont passées d’une obscure création de deux passionnés de BD, à destination des amateurs de comics underground, à l’une des licences les plus bankables de la planète, star des cours de récré. Mais nos mutants mangeurs de pizza ne vont pas en rester là…
En 1990, les Tortues Ninja connaissent leur première adaptation au cinéma, réalisée par Steve Barron, à qui l’on doit les clips vidéo pour Take On Me de A-Ha ou Africa de Toto.
Réussissant l’exploit de piocher dans le meilleur des tout premiers numéros du comic book en y ajoutant une petite dose des éléments du dessin animé pour ne pas perdre les plus jeunes, il devient l'un des films indépendants les plus rentables de l'histoire, notamment grâce à l'incroyable travail du studio de Jim Henson, et enfonce définitivement le clou de la Turtlemania !
Pépite sombre influencée par le Batman de Tim Burton, brillant par ses cascades, ses bastons et son utilisation des practical effects, le film de Barron reste pour moi l’une des meilleures adaptations de comic book, captant à merveille l’esprit des TMNT tout en le rendant accessible au plus grand nombre. Un petit tour de force à l’heure où plusieurs versions des tortues, visant des publics très différents, cohabitaient déjà.
Perdues entre le Ninja Rap de Vanilla Ice et la recette émoussée du voyage dans le temps ; qui, rappelons-le, est souvent synonyme d’une pénurie d’inspiration ; les deux suites, sorties respectivement en 1991 et 1993, peineront à réitérer l'exploit.
Bien que pouvant être considérés comme de sympathiques divertissement, Les Tortues Ninja II et III marquent déjà un début d'essoufflement pour la licence, tout comme le spectacle musical “Coming Out of Their Shells”, sponsorisé par Pizza Hut entre 1990 et 1992.
Un véritable essorage qui a aussi lieu du côté des jouets. Avec plus de quatre-cents figurines produites durant cet âge d’or, sans compter les véhicules, les tortues ont été remodelées à toutes les sauces : transformables, musiciennes, en monstres de Universal Studios, avec des cheveux colorés de Trolls, tirées des films ou en tenue de personnages de Star Trek… L’originalité des déclinaisons n’a d’égale que la frénésie commerciale qui la motive.
GO NINJA, GO NINJA, GO !
Malheureusement pour Laird et Eastman, ce déclin des Tortues Ninja va aussi avoir lieu sur leur support d’origine : le papier.
La série originale, qui prend fin en 1993 après soixante-deux numéros, est immédiatement suivie par une seconde série se présentant comme une suite directe, également publiée par Mirage Studios. Pilotée par Jim Lawson, cette seconde mouture tire sa révérence en 1995 après seulement treize numéros. L’effondrement du marché de la bande dessinée américaine et une inondation dans les locaux de Mirage Studios finissant d’achever la licence déjà exsangue à force d’être revisitée à toutes les sauces.
À partir de cette date, les créateurs des Tortues Ninja s’éloignent radicalement. Eastman, qui vient de racheter le magazine Heavy Metal, homologue américain de notre Métal Hurlant national, a envie de travailler sur d’autres projets.
Moins d’une année plus tard, sous l'impulsion de Erik Larsen, créateur de Savage Dragon et cofondateur de Image Comics, une troisième série est lancée.
Aujourd’hui sous-titrée Urban Legends, et considérée comme non-canonique, cette série est bien connue des fans des TMNT pour prendre de nombreuses libertés et pour ne pas hésiter à transformer définitivement les Chevaliers d’Écaille, quitte à aller jusqu’à les mutiler !
Un parti-pris plutôt osé qui aurait pu raviver l’intérêt pour la licence auprès des lecteurs de comics, mais qui s’arrête en 1999 après vingt-trois numéros, le travail de Gary Carlson et Frank Fosco ne parvenant ni à convaincre les fans de la première heure, ni à attirer un nouveau public. La série sera pourtant réimprimée par IDW à partir de 2018, et l’éditeur permettra même à l’équipe créative originale de clôturer son histoire proprement avec trois épisodes inédits.
En parallèle, la série animée débutée en 1987 s’arrête en 1996, avec 193 épisodes au compteur. Bien que largement édulcorée en comparaison du comic book d’origine, et diffusée en version censurée dans de nombreux pays pour paraître encore moins violente, elle reste l’un des piliers du succès et de la popularité des TMNT dans le monde, et à l’origine de l’expression culte “COWABUNGA !”, indissociable des tortues.
Mais les Teenage Mutant Ninja Turtles ne disparaissent pas du petit écran pour autant. Dès 1997, Haim Saban, déjà connu pour avoir importé les Super Sentai japonais aux États-Unis avec la licence Power Rangers, s’empare des Tortues Ninja pour produire une série live, qui laisse suggérer à travers quelques décors et références qu’elle peut être considérée comme une suite de la trilogie sortie au cinéma.
Malheureusement, Teenage Mutant Ninja Turtles : The Next Mutation s’avère bancale, plutôt cheap, et assez peu inspirée. Ici encore, Michelangelo est victime de l’étrange phobie de certains pays pour les nunchakus, ces derniers étant remplacés par des tonfas. April O’Neil et Casey Jones sont totalement absents et le Seigneur Dragon, créé spécialement pour la série, sert de principal antagoniste.
Si une cinquième tortue nommée "Kirby", toujours en hommage à Jack Kirby, devait être au centre d’un quatrième film jamais produit, The Next Mutation introduit en la personne de Venus, une tortue femelle qui aurait été oubliée par Splinter et élevée en Chine. Un personnage régulièrement parodié, voire moqué, et qui résume à lui seul à quel point cette série est un enfer pavé de bonnes intentions.
Annulée après une unique saison de vingt-six épisodes, The Next Mutation reste pour beaucoup de fans le chant de cygne avant une longue traversée du désert pour nos Chevaliers d’Écaille, qui peut tout de même se vanter de nous avoir offert le premier crossover entre les Power Rangers et les Tortues Ninja, dans le quatrième épisode de Power Rangers in Space. Chacun ses petits succès.
En 2001, alors qu’il a entrepris de racheter les droits appartenant de son associé, Peter Laird, passablement désabusé par les égarements nés de la surexploitation de sa création, auxquels il a parfois participé, décide de reprendre les TMNT en main en compagnie de Jim Lawson.
La publication d’une quatrième série débute chez Mirage, mais les temps ont changé. Sous l’impulsion d’éditeurs comme Dark Horse, Image Comics et Valiant, le secteur du comic book indépendant s’est largement industrialisé et a établi de nouveaux standards. Le succès d’antan n’est plus au rendez-vous, et le rachat, en 2009, de la licence Tortues Ninja par le groupe Viacom, va définitivement changer la donne. C’est le début d’une longue pause, encore d’actualité, pour Mirage Studios. L’accord stipule que Peter Laird ne pourra plus sortir que dix-huit comics par an pour terminer sa série en cours, et les projets d’adaptations seront désormais confiés à des filiales de Viacom, comme Paramount et Nickelodeon.
Le XXIe siècle est d’ailleurs plus que chargé en matière d’adaptations pour les Tortues Ninja.
En 2003, un nouveau dessin animé produit par 4Kids est lancé. Plus sombre et plus fidèle aux comics sur de nombreux points, il souffre pourtant de comparaison avec la première version animée de 1987, devenue l’image officielle des tortues dans l’esprit de nombreux fans. Après sept saisons, la série, en perte de vitesse, est clôturée en 2009 par le téléfilm Turtles Forever, qui fête le vingt-cinquième anniversaire de la licence en faisant se rencontrer les tortues 2003 et celles de 1987, offrant même une incursion dans l’univers du comic book original au spectateur.
En 2007, un film TMNT entièrement en images de synthèse est écrit et réalisé par Kevin Munroe. S’il est présenté comme la suite de la trilogie de films live des années 1990, il assume assez peu ce statut dans les faits et n’a pas vraiment marqué le grand public.
De 2012 à 2017, une troisième série d’animation est produite par Nickelodeon, et déjà, le look beaucoup plus cartoonesque des Chevaliers d’Écaille suscite quelques réactions de pseudo-puristes qui ne reconnaissent plus leurs tortues. Il faut dire que c’est sûrement la première fois que Donatello, Michelangelo, Raphael et Leonardo possèdent autant de signes pouvant les distinguer les uns des autres et des personnalités aussi affirmées. Brillant notamment par son casting de comédiens de doublage dans sa version originale, la série est plutôt bien accueillie par la critique et reste très plaisante à regarder.
Il est évidemment impossible de parler des portages des Tortues Ninja à l’écran sans évoquer les deux films produits par Michael Bay, sortis en 2014 et 2016.
Si cette nouvelle adaptation, réalisée par Jonathan Liebesman, a fait couler beaucoup d'encre, elle renoue pourtant avec quelques idées méconnues issues du comic book de Eastman et Laird, comme l'origine extraterrestre du fluide mutagène ayant transformé les tortues. Sa suite introduira Bebop, Rocksteady et Casey Jones, mais les deux films restent globalement mal-aimés par les fans de la première heure, sans doute en partie à cause des clichés entourant, à tort ou à raison, le cinéma de Michael Bay.
Enfin, diffusée à partir de 2018, la série animée Rise of the Teenage Mutant Ninja Turtles, ou Le Destin des Tortues Ninja en version française, ne connaîtra que deux saisons avant d’être annulée. Un film Netflix, sorti en 2022, sert de conclusion à la série, tout en surfant, encore une fois, sur l’idée d’une sorte de multivers nourri de paradoxes temporels.
Là encore, le design et la personnification des tortues vont faire débat, car tranchant drastiquement avec l’image classique des personnages.
Il est pourtant intéressant de souligner que ces cinq visions à l’écran des TMNT, au ton et au public cible très différents, sont sorties sur une période s’étalant sur moins d’une vingtaine d'années. Une démonstration plutôt évidente que l’image ancrée par le dessin animé de 1987 et le film de 1990 est largement remise en question au cours des décennies suivantes.
TURLTES IN TIME
Mais revenons-en aux comics, si vous le voulez bien.
En 2011, IDW obtient de Viacom le droit de publier une nouvelle série de comic book, qui se veut à la fois fidèle aux racines des Teenage Mutant Ninja Turtles et résolument moderne. Tom Waltz y œuvre comme scénariste, en compagnie de Kevin Eastman, le co-créateur des tortues, tandis que Dan Duncan, Mateus Santolouco, Sophie Campbell et Dave Wachter font partie des principaux artistes se succédant au dessin.
En tirant dès le départ le meilleur des versions précédentes, la série IDW s’impose comme un point culminant pour la licence Teenage Mutant Ninja Turtles. On y retrouve les grands concepts des premiers arcs narratifs de Eastman et Laird, les personnages phares de la série animée comme Krang, Bebop et Rocksteady, et les Mutanimals apparus chez Archie, le tout associé à de véritables enjeux et à une approche plutôt sombre. Les origines de Leonardo, Raphael, Michelangelo, Donatello et Splinter sont étoffées, tout comme leurs liens avec le Clan des Foot. Beaucoup de personnages secondaires, comme Slash ou Old Hob, des Mutanimals, gagnent en profondeur et deviennent des acteurs à part entière d’un monde complexe où les alliances se font aussi vite qu’elles se défont.
Sans aucune hésitation de ma part, il s’agit de l’un des meilleurs comic books des années 2010, avec une constance et une cohérence pour le moins brillantes compte tenu de sa longévité. Plus longue série TMNT jamais publiée, elle est devenue, en passant la barre symbolique des cent numéros en 2019, une pierre angulaire de ce que sont les Tortues Ninja aujourd’hui.
Avec le retour sur la publication de Sophie Campbell en tant que scénariste au numéro 101, la série prend une nouvelle direction, tandis que Jennika, une cinquième tortue au bandeau jaune, fait son apparition.
En parallèle, à la fin de l’année 2020, Peter Laird et Kevin Eastman se retrouvent pour The Last Ronin, une mini-série en cinq numéros, pensée par les deux auteurs, il y a déjà de nombreuses années, comme une fin possible aux Tortues Ninja. Un dystopie cyberpunk qui voit le dernier Chevalier d’Écaille partir en croisade contre la domination du Clan Foot pour venger ses frères disparus. Un nouvel hommage à peine dissimulé à Frank Miller et à son The Dark Knight Returns, qui avait littéralement fait chavirer la bande dessinée de super-héros en 1986.
Si la publication de The Last Ronin est un brin chaotique aux États-Unis, le succès est au rendez-vous, si bien qu’une autre série tirée de cet univers intitulée The Last Ronin – The Lost Years est publiée en 2023, et qu’une suite et un projet de jeu vidéo sont également annoncés.
Il est difficile, voire presque impossible d’être parfaitement exhaustif sur le sujet, tant il existe de produits dérivés et de versions, parfois très exotiques, des Tortues Ninja.
Aussi, je ne passerai pas en revue tous les jeux vidéo adaptés de l’œuvre de Eastman et Laird, le quatuor ayant été présent à un moment ou un autre sur pratiquement toutes les consoles du marché.
Je ne pourrais pas non plus lister toutes les licences qui, tous supports confondus, s’inspirent de près ou de loin, et parfois à la limite du plagiat, du succès des tortues : de Battletoads à Street Sharks, en passant par Biker Mice from Mars ou Extreme Dinosaurs.
En ce qui concerne leurs aventures sur le papier, il devient de plus en plus difficile d’énumérer tous les crossovers au cours desquels les Tortues Ninja croisent des héros venus d’autres univers, de Batman à Usagi Yojimbo, des Power Rangers aux Ghostbusters, en passant par les gamins de Stranger Things ou les combattants de Street Fighter…
Je ne pourrais pas rendre hommage à tous les artistes qui, comme Richard Corben ou Michael Zulli, ont insufflé leur vision unique, et parfois bestiale, aux créations de Laird et Eastman. Et je ne reviendrais pas non plus en détail sur le foutoir sans nom entourant les droits des Teenage Mutant Ninja Turtles, une affaire qui, jusqu’à aujourd’hui, a compliqué bien des choses, comme la rediffusion ou l’édition sur support physique du dessin animé de 1987 dans son intégralité, par exemple.
TURTLES DON’T DO DRUGS !
Mais alors, quelle recette, encore plus mystérieuse que celle du mutagène, se cache derrière le succès des tortues ?
Je n'avais pas encore dit "Tortues Ninja" et vous fredonniez déjà le générique du dessin animé. C’est normal, c’est le pouvoir de la nostalgie ! Comme tout un tas de gens, vous avez sûrement découvert les Chevaliers d'Écaille avec cette série, et votre attachement à la version animée a peut-être tendance à provoquer chez vous un rejet de toutes les autres adaptations qui ont pu suivre. Pourtant, Teenage Mutant Ninja Turtles est l'une des rares licences à avoir autant d'interprétations différentes, l'histoire des tortues étant régulièrement revisitée, y compris par ses propres créateurs.
Comme on a pu le voir, le succès n’a pas toujours été au rendez-vous pour les Tortues Ninja. Essoufflement au cinéma, échec sur le papier ou à la télé : dans leur course de fond pour gagner leur place sur le podium de la Pop Culture, les TMNT ont rencontré pas mal d’obstacles, quittant les sombres galeries des productions underground pour toucher un public toujours plus large, mais parfois aussi très ingrat.
Et si, malgré le poids des années, les tortues continuent de parler aux jeunes et aux moins jeunes, avec plusieurs représentations qui cohabitent au même moment dans les pages des comics, sur les consoles de jeu et sur les plateformes de streaming, c’est sans doute grâce aux valeurs portées par la licence depuis ses origines.
Les liens du sang, la fraternité, l’entraide : ces principes de base, identiques quelle que soit la version des Tortues Ninja, font toujours écho quelque part en nous.
On a tous été ado, et on a tous des liens forts avec quelqu’un que l’on considère comme un membre de notre famille, qu’il en fasse réellement partie ou non. Et au fond, c’est ça l’essence des Teenage Mutant Ninja Turtles.
Qu’importe les difficultés que vous devez surmonter, dans les bons comme dans les mauvais moments, les membres d’une même famille doivent faire front commun pour avancer ensemble. Splinter sait qu’il peut compter sur ses fils ; Michelangelo, Leonardo, Raphael et Donatello savent qu’ils peuvent compter les uns sur les autres ; et April O’Neil sait qu’elle peut compter sur ses amis les tortues…
Alors qu’une nouvelle adaptation animée débarque sur les écrans de cinéma, confirmant la règle de l’éternel recommencement, nos héros préférés changent une nouvelle fois d’apparence, mais propagent toujours le même message, universel et intemporel. Un peu comme si les chevaliers d'écailles ne pouvaient pas faire autre chose que de vivre avec leur temps.
Avant de terminer, vous ne pouvez pas échapper à quelques conseils pour vous lancer dans la lecture des comics Tortues Ninja.
Le meilleur point d’entrée actuellement est le premier tome de la collection Les Tortues Ninja L’Intégrale, qui permet de lire la série IDW de 2011 dans l'ordre chronologique, avec tous ses épisodes hors-série. Il s’agit de l’adaptation chez nous par HiComics de la IDW Collection publiée aux USA et incontestablement de l’un des meilleurs comics que vous puissiez lire en français. Pour moi, c’est absolument impossible de passer à côté.
Si vous voulez revenir aux origines des tortues, HiComics propose de redécouvrir les premiers épisodes de Eastman et Laird publiés par Mirage Studios avec la collection Teenage Mutant Ninja Turtles Classics. Ici, c’est la fameuse Ultimate Collection de IDW qui est traduite en français, avec un contenu qui s’adresse aux lecteurs et aux lectrices plus aguerris et curieux de retrouver les racines indé de la série. Ça déborde de créativité et ça n’a rien perdu avec le temps.
Si vous avez déjà quelques bases en matière de TMNT ; disons que vous avez grandi avec les films ou les séries animées, par exemple ; The Last Ronin est un récit complet de choix. Dynamique, rythmé, et plutôt novateur vis-à-vis de l’habituel statu quo, il ne pourra pas vous décevoir.
Enfin, de son côté, l’éditeur Vestron a la bonne idée d’importer chez nous quelques pépites issues de l’univers des tortues, comme le frénétique Bodycount dessiné par Simon Bisley ou le déroutant Soul’s Winter de Michael Zulli, mais aussi la série Archie Comics. De quoi ravir les complétistes et les curieux !
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