L'ŒIL D'О́DINN : LA FANTASY FAÇON BAD IDEA
Joshua Dysart et Tomás Giorello revisitent les mythes nordiques !
Les comics Bad Idea débarquent en France chez Bliss Éditions !
Bad Idea, c’est une maison d’édition étasunienne fondée en 2019 par Dinesh Shamdasani et Warren Simons, les deux hommes qui étaient déjà derrière le relaunch de Valiant Comics en 2012. Après le rachat en totalité de Valiant Entertainment par son actionnaire majoritaire DMG, un groupe de divertissement chinois, Dinesh Shamdasani a quitté le poste de PDG qu’il y occupait pour lancer Bad Idea, dont la politique dénote fortement avec les pratiques habituelles du marché de la bande dessinée américaine.
Les titres Bad Idea sont disponibles uniquement en version papier, en single issue, et dans quelques dizaines de comic shops, triés sur le volet, aux USA. L’éditeur se passe des services de Diamond, principal distributeur du marché, pour diffuser ses parutions par ses propres moyens et chaque acheteur ne peut se procurer qu’un seul et unique exemplaire de chaque numéro, afin de limiter la spéculation.
Un modèle très atypique, qui a pour inconvénient de drastiquement limiter l’accessibilité des publications Bad Idea à l’international. Faute de version numérique, de TPB ou de distribution à grande échelle, il était, jusqu’à maintenant, difficile, voire impossible pour beaucoup de lecteurs et de lectrices, de profiter des comics de Bad Idea en France et en Europe. Une situation d’autant plus regrettable que l’éditeur jouit du carnet d’adresses de ses fondateurs pour convoquer de grands noms du comic book moderne, qui avaient déjà travaillé sur les séries Valiant.
Mais tout ça a changé il y a quelques mois, quand Bad Idea s’est décidé à exporter ses séries dans plusieurs pays du continent européen. Pour le marché français, un accord signé avec Bliss Éditions a ouvert la porte à une traduction des bandes dessinées de l’éditeur américain chez nous.
À l’occasion du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, Bliss proposait aux visiteurs de venir découvrir le premier ouvrage issu de cette collaboration avec Bad Idea : L'Œil d'Ódinn, par le scénariste Joshua Dysart et le dessinateur Tomás Giorello, accompagné de Diego Rodriguez à la colorisation.
Tomás Giorello, déjà connu pour son travail chez Dark Horse Comics sur Conan The Cimmerian ou la licence Star Wars, mais aussi sur la série Valiant X-O Manowar de 2017, était d’ailleurs présent en dédicace sur le stand de Bliss. J’en ai donc profité pour repartir avec l’album et un magnifique print de Conan le Barbare signé par l’artiste, pour mon plus grand plaisir de fan du personnage de Robert E. Howard.
La présence de Giorello au FIBD est une nouvelle démonstration de la façon dont la petite équipe de Bliss Éditions s’engage pour la diffusion de la culture comics. Une démarche à saluer, et même à célébrer, tant on sait l’exercice difficile dans un marché de niche dont l’offre pléthorique rend le public exigeant.
Dans L'Œil d'Ódinn, la jeune Solveig, fille d’un couple de paysans, se trouve, à l’orée de sa puberté, dotée d’un don de clairvoyance. Ayant une vision d’Ódinn en personne, elle peine à comprendre le rôle auquel la destine le Père-de-Tout et décide de partir en quête de réponses. Mais, dans la Scandinavie du premier millénaire, l’existence de cette enfant devenue prophétesse ne plaît pas à tout le monde, et le périple de Solveig vers une montagne considérée comme sacrée va s’avérer dangereux. Quelle est vraiment la mission de Solveig sur ces terres prises par la glace ? Et sur qui peut-elle compter dans son aventure, dans ce pays hostile peuplé de guerriers sanguinaires et de créatures tout droit sorties des mythes vikings ?
La jeune fille devra aussi composer avec des crises de violence incontrôlables, fruit de la fureur sacrée du berserk, durant lesquelles elle devient un danger pour toutes les personnes autour d’elle, alliés comme ennemis. À la portée initiatique de son expédition dans le monde physique s’ajoute alors la dimension spirituelle du parcours entrepris par Solveig. Le personnage va évoluer et mûrir, faisant face au destin tracé pour elle par des puissances supérieures qui font peu de cas de la condition humaine.
Outre son scénario très bien ficelé par Joshua Dysart, qui avait déjà démontré sa maîtrise de la thématique de l'accomplissement des adolescents avec son travail sur Harbinger, L'Œil d'Ódinn brille grâce au trait précis et habité de Tomás Giorello. Le dessinateur argentin use de son style particulièrement vivant pour mettre en scène l’héroïne dans des combats épiques et des mésaventures dont il émane une tension palpable à chaque planche.
Autre point fort de L'Œil d'Ódinn : le grand format choisi par Bliss Éditions pour sa version française. L’album est magnifique et de très bonne facture, suivant la nouvelle logique de beaucoup d’éditeurs de comics en France, de 404 Comics à Urban, qui consiste à séduire un lectorat amateur de bande dessinée et de beaux livres, bien au-delà des aficionados de la première heure. Une politique qui fait parfois bondir quelques pseudo-puristes, mais qui porte factuellement ses fruits quant à la démocratisation du comic book dans l’Hexagone.
On pourra également complimenter la très belle traduction de Loup Salles, qui a fait l’effort de se documenter sur les mythes et légendes nordiques afin de coller au plus près au vocabulaire spécifique du texte original de Dysart. Une fidélité et une justesse appréciables, qui participent à l’immersion des lecteurs et lectrices dans cette saga de fantasy mythologique exaltante !
L'Œil d'Ódinn n’est qu’un premier pas pour Bad Idea en France : Pyrate Queen, de Peter Milligan et Adam Pollina arrive dans quelques semaines chez Bliss, et s’annonce déjà comme une magnifique fresque d’action placée sous le signe de la vengeance !
Retrouvez toutes les informations sur L'Œil d'Ódinn sur le site de Bliss Éditions !
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Merci Chris pour cette découverte ! Cet album est un one shot j'imagine ?