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CHUCK NORRIS KARATE KOMMANDOS CHEZ MARVEL COMICS
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CHUCK NORRIS KARATE KOMMANDOS CHEZ MARVEL COMICS

De la bagarre, des ninjas, et Steve Ditko !
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Vous le savez, le monde de la bande dessinée américaine regorge d’étrangetés et de pépites plus ou moins inattendues. Parmi celles-ci, un pur produit des années 1980 : Chuck Norris Karate Kommandos, ou les aventures de Chuck Norris chez Marvel Comics ! 

En 1986, la société américaine Ruby-Spears produit une série animée en cinq épisodes intitulée Chuck Norris Karate Kommandos. Créée en collaboration avec Chuck Norris lui-même, elle met en scène l'acteur dans le rôle d'un agent des forces spéciales soutenu par une équipe de combattants experts en arts martiaux.
Le cartoon suit le schéma classique des séries animées des années 80 : Chuck, qui porte ses initiales sur la poitrine au cas où on ne l'aurait pas reconnu, y est accompagné d’une galerie de personnages manichéens au possible, qui lui porte assistance dans sa lutte contre le mal. L’équipe se compose de Pepper, une experte en informatique ; Reed, frère de Pepper et apprenti de Chuck ; Kimo, un guerrier samouraï ; Tabe, un champion de sumo ; et de Too-Much, un gamin recueilli par Chuck qui permet au public visé de s'identifier. Ensemble, ils affrontent l’organisation criminelle VULTURE, dirigée par Claw, un vilain à la main mécanique, et son lieutenant, un ninja masqué appelé Super-Ninja. Chaque épisode s'ouvre sur un exploit du véritable Chuck Norris, filmé en live, et se conclut par une morale, aussi utile que téléphonée, qui rappelle aux enfants qu’il ne faut pas cracher par terre ou qu’il faut jeter ses déchets à la poubelle. 

Il faut dire que Chuck Norris, né en 1940 en Oklahoma, se veut lui-même comme étant un modèle de droiture. 
Après une enfance morose, il découvre les arts martiaux durant son passage à l’armée, en Corée du Sud. À son retour aux États-Unis, il ouvre sa propre école, dans laquelle il forme plusieurs vedettes, telles que Steve McQueen, et enchaîne les compétitions, au cours desquelles il fait la connaissance de Bruce Lee. À l’aube des années 1970, détenteur de plusieurs titres de champion de karaté, Norris débute, grâce à ses talents, une carrière au cinéma. La consécration arrive en 1972, quand il interprète le personnage de Colt, principal antagoniste de Bruce Lee, dans La Fureur du Dragon, un film qui engrangera des recettes record, équivalentes à mille fois son budget de départ. Durant les années 1980, Chuck Norris devient l’une des figures du cinéma d’action de l’ère Reagan, avec des films comme Lone Wolf McQuade ou Silent Rage, dans lesquels il endosse déjà le rôle du héros représentant la justice des États-Unis.

Puis, avec Missing in Action, Invasion U.S.A. et The Delta Force, l’acteur botte le cul des ennemis de l’Amérique aux quatre coins du monde, dans des films qui s’inspirent, avec une approche historique toute relative, des conflits au Viêt Nam, à Cuba, et au Proche-Orient. En perte de vitesse dans les années 1990, c’est principalement à la télévision qu’il connaîtra le succès, avec l'incontournable série aux relents de poulet-frites du dimanche : Walker, Texas Ranger
Chrétien baptiste pratiquant et engagé dans plusieurs combats sociaux et politiques, Chuck Norris a fondé, en 1990, une association ayant pour but de combattre les ravages de la drogue en encourageant les jeunes à pratiquer les arts martiaux. Affilié à la droite conservatrice étasunienne, il est aussi un fervent soutien de la NRA, qui milite pour la liberté de port d’armes aux États-Unis, et a soutenu la candidature Donald Trump lors de l’élection présidentielle de 2016. 

Vous l’avez compris, les productions tournant autour de l’image de Chuck Norris ne se limitent pas à des films de bagarre où le héros porte un chapeau de cow-boy. 
En 1984, il est même la star d’un jeu vidéo : Chuck Norris Superkicks, sorti notamment sur Commodore 64 et Atari 2600. Et, deux ans plus tard, il devient donc le personnage central du cartoon Chuck Norris Karate Kommandos.
Ce dessin animé est calqué sur le schéma d’une autre production Ruby-Spears : Mister T, série de trente épisodes diffusée entre 1983 et 1985, qui met en scène l’avatar sur celluloïd du célèbre comédien Laurence Tureaud, vu dans Rocky III et dans L’Agence tous risques. D’ailleurs, Mister T a également été un héros de comics, mais j’y reviendrais peut-être une autre fois.
Comme toutes les séries animées destinées aux plus jeunes dans les années 80, Chuck Norris Karate Kommandos a eu droit à sa dose de produits dérivés. Le fabricant Kenner développe une ligne de jouets spécialement pour la série, incluant les figurines des principaux personnages, mais aussi le véhicule de Chuck, la Karate Corvette. 

En parallèle de sa diffusion sur le petit écran, elle est déclinée en comic book par Marvel Comics, sous son label Star Comics. Star Comics est une branche de Marvel active de 1984 à 1991, dont les publications étaient destinées aux plus jeunes. Adaptant principalement en comics des licences tirées de dessins animés, on retrouve dans son catalogue Star Wars : Droids, Les Bisounours, Les Maîtres de L'Univers, SilverHawks, Cosmocats, et même les Ewoks ! Plus étonnant, Star Comics propose également quelques créations originales surprenantes, telles que Peter Porker, The Spectacular Spider-Ham, ou encore Misty, une série écrite et dessinée par Trina Robbins, dérivée du comic book du Golden Age Millie the Model !
Cependant, en raison d’un succès global mitigé et d’une accusation de plagiat de la part de Harvey Comics, la ligne Star Comics sera définitivement stoppée, certains titres comme Muppet Babies continuant sous l’estampille de Marvel Comics

La série Chuck Norris Karate Kommandos parue chez Star Comics est écrite par Mary Jo Duffy, notamment scénariste sur les comics Star Wars et Power Man & Iron Fist, et éditrice de Rom the Space Knight ou The Savage She-Hulk
Les trois premiers numéros ont la particularité d’être dessinés par Steve Ditko, entre autres co-créateur avec Stan Lee de Docteur Strange et Spider-Man. À l’époque, l’artiste entame la dernière partie de sa carrière et travaille en freelance pour différents éditeurs, ce qui l’a sans doute mené à œuvrer sur cette adaptation inattendue. 
Dans Chuck Norris Karate Kommandos #1, le lecteur fait la connaissance de Too-Much, un jeune garçon qui rêvasse en classe, s’imaginant devenir un artiste martial de la trempe de Chuck Norris. Tandis que leur professeure entame un cours sur un tout nouveau véhicule anti-terroriste, qui se révèle être un super camping-car, les ninjas de Klaw font irruption et prennent en otage la classe de Too-Much ! En échange de la libération des enfants, ils demandent à ce que le super-véhicule leur soit remis. Heureusement, les Karate Kommandos débarquent et Chuck met une bonne raclée aux vilains. 

Dans le numéro suivant, Chuck et son équipe doivent assurer la sécurité d’un ordinateur ultra-moderne, appelé le Banana 7000. Nos héros trouvent une nouvelle fois le Culte de Klaw sur leur chemin, les méchants ninjas usant d’un énième stratagème pour s’emparer de l’appareil ! Norris et sa bande vont de nouveau rudoyer du ninja à grands coups de roundhouse kick pour récupérer la machine, et tout est bien qui finit bien ! Le troisième épisode se concentre principalement sur le maître épéiste Kimo et le rikishi Tabe, en revenant sur leur relation et leur rencontre avec Chuck. Ici, on s’éloigne un peu de la structure des deux premiers numéros, et c’est plutôt une bonne chose. Et enfin, dans le quatrième et dernier fascicule, les Karate Kommandos recherchent une jeune femme qui a été kidnappée, et dont le père est un scientifique qui a visiblement un contentieux avec Chuck Norris. Évidemment, une fois encore, le maléfique Klaw est derrière tout ça ! 

Si le scénario de la série s'adresse clairement à un jeune public, elle n'est pas mauvaise pour autant et les dessins de Steve Ditko en font même une lecture très agréable ! Le découpage des combats rappelle d'ailleurs des scènes d'action que l'on pourrait sans mal voir dans une aventure de Spider-Man ! C’est particulièrement vrai dans le numéro #3, où les séquences s’enchaînent avec une fluidité remarquable, et où les affrontements sont aussi dynamiques qu’un storyboard de film. Je n’irais pas jusqu’à dire que vous devez absolument découvrir cette publication ; pour le moins exotique, j’en conviens ; mais ce n’est clairement pas le pire produit dérivé qu’il m’ait été donné de lire dans ma vie, loin de là. Ça peut paraître déroutant, mais on fait finalement face à un comic book de facture plus que décente ! 
Malgré sa maigre longévité, tant à l’écran que sur le papier, Chuck Norris Karate Kommandos est une série qui a marqué la culture populaire. Certes principalement pour son aspect farfelu typique des dérives commerciales des 80’s, mais aussi pour son accumulation de clichés kitsch qui condense tous les codes d’une époque.
Enfin, contrairement à d’autres personnages de Star Comics, Chuck Norris, lui, n'a jamais été intégré à l'univers Marvel, sûrement car il est bien trop puissant pour y trouver un adversaire à sa mesure.


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