COMICS POSTCARD - LIVE FAST, DIE FAST, REBORN FASTER
The Blue Flame + Ragnarök + Do A Powerbomb ! + The Flash
Et allez, c’est reparti pour un tour !
Me revoilà pour tourmenter les plus raisonnables d’entre vous et les pousser au vice en les encourageant à se procurer de dangereux illustrés dont l’effet néfaste ne tardera pas à se faire ressentir sur leur innocente personne !
À l’heure où The Flash débarque au cinéma, à l’issue d’une production et d’une promotion chaotiques, il est agréable de voir des sites, blogs, vidéastes, podcasters ou influencers ayant fait le choix de proposer des guides de lectures autour du personnage, une démarche qui me semble essentielle pour ouvrir la porte à de nouveaux lecteurs. Car s’il est toujours tentant de choisir la voie de la facilité en surfant désespérément sur la piètre qualité de certaines adaptations cinématographiques de nos comics préférés et sur les polémiques qui les entourent, il est bien plus pertinent et utile de rappeler les qualités intemporelles du matériau d’origine qui les inspire.
C’est l’objectif de cette newsletter, et d’une bonne partie de ce que j’ai pu produire depuis des années sur internet : mettre en évidence la diversité et l’attrait de la bande dessinée américaine.
Avant de reparler de The Flash à la fin de cette COMICS POSTCARD, n’oubliez pas de la partager autour de vous pour faire découvrir des saines lectures à vos amis ou votre famille !
On commence avec un kiff assez méta qui explore quelques facettes sous-exploitées du genre super-héroïque : The Blue Flame, chez 404 Comics !
Sam Brausam, alias The Blue Flame, est real-life superhero, un super-héros du quotidien qui œuvre à l’échelle locale. Avec ses coéquipiers costumés de la Brigade Nocturne, il tente de faire triompher la justice à Milwaukee. Mais quand un drame vient bouleverser sa double vie, The Blue Flame doit endosser un nouveau costume inattendu : il sera le défenseur de l'espèce humaine durant son procès devant un tribunal cosmique qui menace de l'éradiquer définitivement...
Après Everything, récit encensé par la critique qui m'avait largement laissé sur ma faim, autant vous dire que j'étais curieux de voir si The Blue Flame allait me faire changer d'avis sur son scénariste : Christopher Cantwell. Me lançant dans ma lecture sans aucun a priori, j'ai découvert, derrière la façade classique du justicier costumé, une histoire sur les chocs traumatiques et la résilience, dont la toile de fond passe brillamment d’un contexte social délabré à une épopée de Science-Fiction existentialiste. La narration alterne très intelligemment entre les deux trames scénaristiques sans jamais perdre le lecteur, et ne s'embourbe pas dans des explications qui seraient superflues.
C'est fluide, intelligent et touchant, sans jamais être mièvre ou simpliste. Si ça ne renouvelle pas le genre, ça l'exploite avec un angle particulièrement efficace !
De quoi me “réconcilier” avec l’auteur.
Le tout est porté par le trait lisible et vraiment agréable de Adam Gorham, dans un très beau format d'album, comme toujours chez 404 !
Une excellente lecture qui, dans la lignée du travail d'un Peter David sur Hulk ou Captain Marvel, utilise le super-héros comme un outil pour mieux aborder la complexité de l'être humain.
Toutes les infos sur The Blue Flame sur le site de 404 Comics !
En 2007, Glénat Comics nous proposait de découvrir le premier tome de Ragnarök par Walter Simonson. Malheureusement, le lectorat français n’aura pas droit à la suite chez l’éditeur, et c’est donc avec un plaisir non dissimulé que j’ai accueilli l’annonce du retour de Ragnarök en France, cette fois-ci chez Black River !
Les dieux scandinaves sont morts, Asgard est en ruine, et le monde sombre dans le chaos le plus total !
Tiré de son sommeil par un groupe d'assassins, Thor, affaibli, n'est plus que l'ombre de lui-même. Mais le dieu déchu va tout de même partir à la recherche de ceux qui ont tué sa famille… En parallèle, un elfe noir traverse les terres hostiles en compagnie de sa jeune fille, bien décidé à finir le travail commencé par celle qui était son épouse, morte après avoir réveillé le dieu du tonnerre qu'elle devait éliminer.
Dessinateur de talent et grand amoureux de la mythologie Nordique, Simonson avait déjà exploré cet univers sur la série Thor de Marvel durant les années 1980.
Il livre ici sa propre interprétation du crépuscule des dieux, sombre et impitoyable, mais aussi assez caustique par moment. Le résultat est une série de fantasy apocalyptique au souffle épique et au parfum de Dark Souls, dans laquelle on ressent toute l’implication de son auteur.
Ayant pu comparer le tome sorti chez Glénat à la nouvelle mouture de Black River, les deux éditions sont assez similaires. Black River propose une nouvelle traduction, mais conserve une sympathique galerie de bonus en fin de volume.
L’éditeur s’est déjà engagé à publier l’intégralité de la série en deux tomes, et potentiellement sa suite The Breaking of Helheim, si les ventes sont à la hauteur de leurs attentes. De quoi espérer pouvoir terminer la série pour ceux qui étaient déjà au rendez-vous il y a des années, et l’occasion ou jamais de se plonger dans la bien trop rarement citée œuvre de Walt Simonson pour les nouveaux arrivants !
Toutes les infos sur Ragnarök sur le site de Black River !
Si, comme moi, vous avez grandi devant les exploits des superstars du catch de la WWF sur Canal+ dans les années 1990, voilà qui devrait vous plaire !
Après Beta Ray Bill chez Marvel ou Wonder Woman chez DC Comics, et avant qu’il ne prenne en main les Transformers chez Skybound, Daniel Warren Johnson nous offre une petite pépite indépendante chez Image Comics avec Do a Powerbomb !, publié en version française par Urban !
Lona Steelrose est la fille d’une grande catcheuse décédée en plein show.
Bien décidée à suivre les traces de sa mère, elle embrasse une carrière de lutteuse professionnelle contre l’avis de son père. Quand un étrange nécromancien fan de catch lui propose de participer à un tournoi sans pareil pour ramener sa défunte mère la vie, Lona demande à Cobrasun, le responsable de la mort de sa mère, de la rejoindre dans l’aventure. Si le défi qui l’attend est sans commune mesure, il pourrait s’accompagner de quelques révélations inattendues, au moins pour le lecteur !
Beaucoup d’action, un rythme aussi carré qu’une chorégraphie de luchadores, et une partie graphique qui tabasse : de quoi ressortir de cette lecture en en ayant littéralement pris plein la gueule. De plus, l’histoire est belle et contient son lot de surprises. Si c’est relativement classique dans la forme, c’est bien mené et ça exploite judicieusement les clichés, à défaut de les éviter.
Do A Powerbomb ! est un excellent comic book qui, bien au-delà du catch, nous parle d’héritage familial, de deuil, et de la façon dont on se trouve une vocation en fonction de notre parcours de vie. Un récit qui saura parler à chaque lecteur ou lectrice d’une façon ou d’une autre et qu’on prendra plaisir à relire de temps en temps, rien que pour admirer les planches de Daniel Warren Johnson.
Toutes les infos sur Do A Powerbomb ! sur le site de Urban Comics !
La collection Chronicles semble avoir trouvé sa place dans le catalogue de Urban Comics et dans nos bibliothèques. Après Batman, Superman et la Justice Society of America, c’est au tour de The Flash, actualité ciné oblige, de débarquer à toute berzingue dans son premier volume consacré à l’année 1992 !
Après la disparition de Barry Allen durant le crossover Crisis on Infinite Earths, son neveu et sidekick Wally West, alias Kid Flash, a repris le costume de l’Éclair Écarlate.
Si la recette est moins usée à l’époque qu’aujourd’hui, elle ne représente pas moins une prise de risque compte tenu de l’attachement des lecteurs envers Barry, et Wally, bien plus impétueux que son modèle, et un brin flambeur, aura mis pas mal de temps à trouver sa place en tant que Flash et dans le cœur des fans.
Ce premier tome de The Flash Chronicles sert donc de point d’entrée au travail de Mark Waid, célèbre scénariste qui écrira plus tard l’incontournable Kingdom Come, sur le bolide de DC Comics.
Après quelques épisodes écrits par William Messner-Loebs qui aident à cerner le personnage de Wally West, on entre dans le vif du sujet avec la saga en quatre parties intitulée “Year One” (si ça a marché pour Batman, y a pas de raison…), dans laquelle Mark Waid, accompagné de Greg LaRocque aux dessins, revisite les origines de notre héros et en modernise certains aspects. L’ouvrage se conclut par un crossover avec Green Lantern, assez dispensable, même si le duo qu’il forme avec Flash est plutôt efficace.
L’intérêt de ce premier volume est avant tout introductif. Comme pour tous les autres tomes de la collection Chronicles de Urban Comics, la partie éditoriale, assurée par Yann Graf, est un complément de grande qualité, et permet d’appréhender les différents éléments utilisés au fil des épisodes sans être trop perdu, même si vous êtes novice. Le point faible sera sans doute la partie graphique : déjà très classique en comparaison de ce que pouvaient faire des artistes comme Jim Lee ou Todd McFarlane chez Marvel, puis chez Image Comics, à la même période, elle est aujourd’hui un peu trop lisse pour vraiment accrocher l’œil d’une personne habituée à des choses plus modernes. Absolument pas rédhibitoire, mais définitivement dans son jus.
Quoi qu’il en soit, ce tome reste une porte d’entrée tout à fait acceptable pour découvrir Flash dans les comics, même si Flashpoint et la série New 52 seront plus faciles d’accès à celles et ceux qui auront envie de courir en librairie à la sortie du cinéma !
Toutes les infos sur The Flash Chronicles 1992 sur le site de Urban Comics !
Il existe bien des allégories de la façon dont on peut “revenir à la vie”.
Qu’il s’agisse d’une renaissance symbolique ou de la véritable résurrection d’un héros qui reste parfois plus mort que vivant, nos comic books préférés regorgent de sagas cycliques qui doivent sans cesse se renouveler pour raviver l’intérêt des fans de longue date et offrir des points d’entrée aux curieux.
Cet éternel retour, qu’il soit à l’origine de l’intrigue ou sa finalité, s’accompagne souvent de notions d’héritage et d’enjeux autour d’un fardeau porté par les successeurs. Se montrer digne de nos aînés, honorer leur mémoire et faire perdurer leur légende : pour certains personnages de comics, ces missions ne sont pas qu’une simple charge, mais un véritable sacerdoce !
Aussi, à l’image des justiciers et des justicières qui luttent pour s’élever au niveau de leurs prédécesseurs et nous offrir un monde plus juste, il est sans doute plus utile par les temps qui courent de promouvoir le patrimoine et les futurs classiques de la bande dessinée américaine que de s'époumoner en disant du mal en boucle de telle ou telle adaptation sur grand écran. Avoir pour velléité la promotion des comic books, mais passer son temps à ne parler que des aspects les plus mercantiles et des échecs commerciaux ou créatifs liés à ce support est absolument contre-productif et, si personne n’en doute, il semble bon de le rappeler.
Alors, j’ose compter sur vous : c’est maintenant à votre tour de propager la bonne parole et de mettre en avant ce que vous avez apprécié, plutôt que de patauger dans la fange aux côtés des wannabes en manque d’attention.
Évidemment, jusqu’à la prochaine fois, je compte sur vous pour avoir de saines lectures !
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J'ai lu "Do a power bomb" ce weekend, quelle BD!!
La "révélation" en fin de 2eme chapitre m'a cueilli!
Super revue de ta part, comme d'habitude.
Merci pour ces recommandations très cher Chris !
"The Blue Flame" me donne particulièrement envie, c'est ajouté en wishlist ^^