CHRIS - POP CULTURE & COMICS
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THE SCORCHED : SPAWN EN MODE MULTIJOUEURS !
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THE SCORCHED : SPAWN EN MODE MULTIJOUEURS !

L'Équipe de Super-Héros qui explose les records.
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270 000 exemplaires précommandés, c’est beau ! Mais que vaut vraiment ce premier numéro de The Scorched, la série mettant en scène une super-équipe de Spawn ? Est-ce qu’après 30 ans de bons et loyaux services, le héros de Todd McFarlane n’est pas devenu un peu has-been ?

Violator : 1, Spawny-Boy : 0

J’ai littéralement grandi avec Spawn. C’est la série de comic book que j’ai lue le plus longtemps dans ma vie, du collège jusqu’à la fac.
Il faut l’avouer, même en étant un fervent adepte du personnage, la série principale lancée en 1992 à connu des hauts et des bas. Ayant mis de côté les aventures de Al Simmons durant quelques années, la sortie du numéro 300 en 2019 a été l’occasion pour moi d’y revenir et de constater que le génie commercial de McFarlane est intarissable.

Alors qu’on aurait pu croire à un essoufflement définitif, ce bon vieux Todd a relancé la machine comme jamais en faisant quelque chose d’aussi génial que ringard : exploiter un univers étendu rempli de variantes de son héros.

Ça sent le souffre et les années 90.

Avec les premiers pas du Medieval Spawn, dans le neuvième épisode de la série en 1993, McFarlane avait explicité le concept selon lequel les Hellspawn existaient depuis très longtemps et pouvaient revêtir différentes formes en fonction de l’époque et du lieu où ils vivaient leurs aventures.
Cette version chevaleresque connaissant son petit succès auprès des lecteurs, jusqu’à obtenir sa propre mini-série au côté de l’héroïne de Witchblade, on verra au fil du temps les Hellspawn se multiplier au gré des nécessités scénaristiques ou par pur plaisir artirstique, avec Gunslinger Spawn en 2002, Mandarin Spawn en 2007, Centurion Spawn en 2022, ou encore She-Spawn, dans ce fameux trois centième numéro en 2019.

Toujours doué pour s’entourer d’une équipe d’artistes de renoms, misant sur une forme de nostalgie pour les comics remplis de anti-héros bad-ass des années 1990, et surfant sur le record de longévité de sa série principale devenue le plus long comic book indépendant encore en cours de publication, Todd McFarlane officialise son univers étendu en 2021 avec Spawn Universe #1.
Ce one-shot ouvre la voie à trois nouvelles séries : King Spawn, Gunslinger Spawn, et celle qui nous intéresse aujourd’hui, The Scorched.

It's a little early for Halloween, Simmons !

Si je devais résumer The Scorched sans vous divulgâcher quoi que ce soit, je vous dirais que son pitch tient objectivement sur un post-it.
Pour affronter une menace commune à l’originalité douteuse, Jessica Priest, alias She-Spawn, Marc Rosen, le nouveau Medieval Spawn, le Gunslinger Spawn et le Redeemer (ou le Rédempteur, pour ceux qui attendent la VF chez Delcourt) vont devoir faire équipe.

Dit comme ça, pas de quoi rêver, et si vous n’êtes pas fan du personnage de Spawn et de son univers, vous pouvez d’ores et déjà passer votre chemin.
Par contre, si comme moi vous doutiez un peu du résultat, craignant un énième crossover poussif comme on en trouve plein chez les Big Two, il est utile de s’attarder quelques minutes pour y regarder de plus près.

Renouveler une licence vieille de trois décennies n’est pas forcément facile, surtout quand celle-ci est ancrée dans un état d’esprit particulièrement caricatural.
Spawn est indissociable du Image Comics des débuts et de ses personnages musculeux armés de flingues disproportionnés. Et en fait, sur ce point, il n’y a pas vraiment de changement. Ici, on vient pour l’action, la castagne et les cartouchières sans fin.
Et si chacun des membres de The Scorched est sommairement caractérisé, les relations entre ceux-ci ne sont pas vraiment creusées. En somme, ne vous attendez pas à lire la Doom Patrol, au risque d’être un peu déçus.

Que des Numéro Un dans leur team. Mais avec beaucoup de variant covers.

La où ça devient beaucoup plus intéressant, et même assez futé, c’est que tout en conservant ce ton typique des comics des 90’s, l’équipe artistique dirigée par Todd McFarlane sait s’inspirer de l’air du temps.
Le scénario de Sean Lewis et les dessins de Stephen Segovia et Paulo Siqueira rappellent en effet, dès les premières pages, des univers bien plus actuels et aptes à parler à une nouvelle génération de lecteurs.

La constitution de l’équipe en elle-même renvoie immédiatement aux mécaniques des FPS compétitifs comme Overwatch, Apex Legends ou Valorant, auxquelles s’ajoutent un parfum d’aventure et de stratégie digne des MOBA comme League of Legends ou DotA 2.
Si ces références seront peut-être obscures, ou même transparentes, pour les lecteurs de la première heure, elles m’ont pourtant sauté aux yeux, dans le sens où chaque membre de l’équipe a son rôle à jouer d’un point de vue tactique, à la manière du quatuor Flank, Support, Tank et DPS cher à ces jeux vidéo.
She-Spawn endosse à la fois le rôle de tireuse d’élite et de meneuse, Redeemer est un soutient aérien de premier choix, Medieval Spawn fonce en première ligne et préfère le corps-à-corps, quant au Gunslinger, il tire sur tout ce qui bouge de façon incontrôlable devenant presque un fardeau pour ses camarades.

Alors, bien sûr, ce n’est pas nouveau, car c’est un schéma que l’on retrouve déjà dans les premiers jeux de rôles, et chez d’autres équipes de super-héros, mais il faut croire que cela fonctionne particulièrement bien avec cette réunion de Hellspawn.
Le résultat pourra sembler bas du front et déjà vu, et pourtant ça marche et on prend un vrai plaisir à lire ce premier numéro.

Where you're going, every day's Halloween !

L’autre gros point fort de la stratégie de Todd McFarlane, c’est incontestablement sa connaissance du marketing et de la faiblesse du collectionneur moyen.
Chaque numéro symbolique, que ce soit Spawn #300, King Spawn #1 ou The Scorched #1, est l’occasion pour McFarlane Productions et Image Comics de proposer pléthore de couvertures alternatives par de grands noms de la bande dessinée américaine.
Les fans sont au rendez-vous à chaque fois, permettant de démultiplier les ventes, donnant ainsi d’autant plus de visibilité aux publications.

Avec ses 9 variant covers, The Scorched #1 peut se targuer d’avoir atteint 270 000 exemplaires commandés. Pourtant le titre fait presque pâle figure à côté des autres séries dérivées de la licence. Gunslinger Spawn #1 a en effet atteint 385 000 exemplaires, tandis que King Spawn #1, lui, approche des 500 000 exemplaires.
Des chiffres colossaux qui permettent à ces titres de battre plusieurs records, en devenant notamment les comic books les plus vendus du XXIème siècle !

Gunslinger Spawn, un amour !

Difficile face à un tel engouement d’oser penser que la création de McFarlane s’essouffle. Certes, tous les exemplaires précommandés ne seront pas vendus, et les nombreuses couvertures, dont certaines à tirage limité, amplifient le phénomène.
Mais nous sommes tout de même face à une démonstration de force qui place Spawn et son univers au même niveau que les séries stars de Marvel et DC Comics, les Avengers ou la Justice League étant parmi les rares licences à pouvoir espérer tenir tête au rejeton de Malebolgia. Et encore, avec l’appui, aussi minime soit-il, des super productions au cinéma, ce qui n’est pas le cas de Spawn pour l’instant…

Évidemment, on pourra toujours, et par bien des façons, relativiser les chiffres et minimiser le rôle de Spawn sur le marché de la bande dessinée américaine.
La recette de McFarlane brille plus par son efficacité éprouvée que par son originalité, mais l’enthousiasme des lecteurs, des collectionneurs, et peut-être des spéculateurs, confirme que quoi que l’on en pense, il est impossible de l’ignorer.

Si, comme pour moi, Spawn a marqué votre parcours de lecteur et que le temps vous en a éloigné, je ne peux que vous recommander de jeter un oeil à The Scorched et aux autres séries de son univers étendu. À l’inverse si vous êtes un parfait néophyte, vierge de tout contact avec les héros affublés d’un nécroplasme, je vous conseille de découvrir Spawn, en commençant le plus simplement du monde par le premier tome, disponible en français chez Delcourt.
Les débuts de la série commencent à accuser le poids des années, mais elle a gagné son statut de classique du comic book et est aujourd’hui incontournable. L’influence de Spawn est partout, et vous n’y échapperez pas.


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Avec POP CULTURE & COMICS, Chris explore la bande dessinée américaine et ses dérivés dans la culture populaire.